Chapitre 1 : De la propagande de Jules César aux principes de transparence d’Ivy Lee
Certains spécialistes fixent la première opération de relations presse au temps de la « res publicae » et de la « Guerre des Gaules » de Jules César, propagande (propagare « ce qui doit être propagé ») qui, plus qu’un simple récit de guerre, s’avère être une campagne de conquête de l’opinion publique, menée par un ambitieux consul qui franchira bientôt le Rubicon … Sans remonter aux calendes grecques – en l’occurrence, ici romaines – revenir sur l’histoire des relations presse met en lumière la puissance de cet outil de communication qui se révèle être – quand il est bien utilisé – un des plus puissants et des plus économiques !
Une naissance américaine
Les relations presse apparaissent avec la révolution industrielle durant laquelle les journaux sont perçus comme un levier de notoriété et d’influence pour les entreprises. D’anciens journalistes New-Yorkais commencent la pratique des relations presse, d’une manière très informelle, dans le cadre d’une relation « privilégiée » avec les reporters et propriétaires de journaux.
D’un « contact personnel » au premier communiqué
C’est au début du XXe siècle, et avec les mouvements grévistes opposant industriels et ouvriers, que les relations presse prennent forme avec la création de la première agence de communication, celle d’un ancien journaliste : Ivy Lee, le père fondateur de la com’ !
En 1906, 57 passagers de la Pennsylvania Railway décèdent à la suite du déraillement d’un train. Ivy Lee est contacté en urgence par la compagnie, durement attaquée par des rumeurs d’insécurité de ses lignes ferroviaires. Dans une lettre adressée aux rédactions, Ivy Lee joue la carte de la transparence – une première audacieuse ! – puisque l’entreprise reconnaît son entière responsabilité. Ce premier communiqué de presse fut d’une efficacité redoutable avec sa publication « mot pour mot » dans l’incontournable New York Times. Et, pour mieux faire la lumière sur les circonstances de ce drame, les journalistes sont invités à se rendre sur les lieux de l’accident. Le communiqué, la conférence et le voyage de presse sont nés, et couronnés de succès puisque l’ensemble de la presse encense l’honnêteté et la réactivité de la compagnie ferroviaire qui sait se montrer digne de confiance.
Ivy Lee est également intimement lié à John Rockefeller Jr. dont la réputation a été entachée par le massacre de Ludlow, en 1914, au cours duquel de nombreux grévistes furent tués. Lee parviendra, notamment grâce à la mise en place d’actions philanthropiques, à transformer, jusqu’à nos jours, l’image de l’ignoble magnat du pétrole en bienfaiteur altruiste qui contribue à la prospérité du pays et de milliers de familles. Les relations publiques sont donc, également, nées avec Ivy Lee, ce qui prouve qu’une bonne campagne de communication est avant tout une stratégie qui se décline par cible et sur différents supports, médias.
Les principes de « bases » des relations presse
Après plus d’un siècle, les principes d’Ivy Lee sont toujours d’actualité pour construire une campagne de communication et des relations presse. Rappelons, pour exemple, la non- communication désastreuse du groupe familial « Lactalis » lors de l’affaire du lait infantile contaminé par la salmonelle, en 2018.
Les principes d’Ivy Lee qui sont le socle de valeur d’une bonne communication presse :
- La transparence, en répondant avec sincérité aux inquiétudes ou à la curiosité de l’opinion publique.
- La vérité, en fournissant aux médias des informations précises et vérifiables
- La prise de parole la plus rapide possible lors d’une crise pour ne pas laisser s’installer l’incompréhension
En résumé, pour Ivy Lee, les relations presse, c’est construire un lien de confiance entre une entreprise, une institution, et l’intérêt du grand public.
Un lien que l’attaché-ée de presse sait tisser :
A venir : Le Code d’Athènes ou l’efficacité et la déontologie des relations presse européennes !
Annabelle Morand
Responsable du pôle médias